- Clément Poissonnier
Présidentielle : La vision du futur de l’Europe au coeur du second tour
Alors qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen se feront face à face le 24 avril 2022 pour le second tour de l’élection présidentielle, leur vision sur l’Europe diffère.
Retour sur leurs programmes international.
Ce 10 avril 2022 à 20 heures, les français ont appris qu’ils devront choisir entre le président sortant Emmanuel Macron et Marine Le Pen, candidate du Rassemblement National, lors du deuxième tour des élections présidentielles.
Ce duel est une réelle opposition de styles.
Le Président E. Macron est un fervent défenseur de l’Europe. Il avait d’ailleurs déclaré que « l’Europe seule peut assurer une souveraineté réelle, c’est-à-dire notre capacité à exister dans le monde actuel pour y défendre nos valeurs et nos intérêts. Il y a une souveraineté européenne à construire et il y a la nécessité de la construire ».
Le Président français pense que le salut de son pays doit passer par une Europe plus forte. Au sujet de l’invasion russe en Ukraine, il a pris position plusieurs fois en faveur de l’Ukraine et de son président, Volodymyr Zelensky. Il converse cependant assez régulièrement avec le Président russe Vladimir Poutine pour préserver le dialogue entre deux pays qui entretiennent d’étroites relations depuis le XIème siècle. Pro-Otan et libéral convaincu, Macron souhaite « inscrire la démocratie européenne dans l’ordre du monde » comme l’explique Lucile Schmid dans le quotidien Le Monde.
Dès 2017 et sa première élection, il avait prononcé des discours, notamment un à Athènes, en Grèce et l’autre à la Sorbonne, dans lesquels il se déclarait être en faveur d’une souveraineté européenne. On notera un certain renforcement puisque le candidat Emmanuel Macron souhaiterait créer une véritable armée européenne pour faire face aux nouveaux enjeux géostratégiques.
Une adversaire aux antipodes
Opposée au Président Emmanuel Macron, Marine Le Pen, elle, tient un discours relativement inverse. Deuxième « match » après un affrontement lors de l’élection présidentielle de 2017, Marine Le Pen a en apparence appris de ses erreurs. La candidate Rassemblement National (RN) a évolué quant à la question européenne. Dans son programme d’il y a cinq ans, elle souhaitait proposer un référendum sur une potentielle sortie de la France de l’Union Européenne.
Elle avait même initialement proposé un “retour au franc” ainsi qu’une politique économique protectionniste, à l’image de Donald Trump. Mais ses mesures n’ont pas suffit et Marine Le Pen a subi une défaite au second tour avec 33,90% des suffrages. Pour cette nouvelle élection, la candidate RN a adoucie ses positions.
Elle ne souhaite plus sortir de l’Europe mais elle veut renégocier les différents traités européens pour permettre, par exemple, au droit français d’être supérieur au droit de l’Union européenne, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Concernant la Russie, Marine le Pen était plutôt en faveur de Vladimir Poutine puisque ce dernier l’avait même publiquement soutenue en 2017, déclarant qu’elle « représentait un spectre politique en Europe qui croît rapidement ». Comme l’a révélé Mediapart lors d’une enquête du 3 avril 2022, Mme Le Pen et son parti auraient perçu des prêts russes pour aider à de multiples financements structurels.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la candidate est revenue sur sa pensée. Elle a, en effet, décidé de retirer une photo d’elle avec le Président russe de ses tracts de campagne. Elle a également déclaré qu’il avait « franchi la ligne rouge » en envahissant une partie de l’Ukraine. La candidate n’a cependant pas clairement dénoncé l’agression russe, au contraire de certains de ses concurrents et a également indiqué que Vladimir Poutine peut « bien entendu redevenir un allié » une fois la guerre terminée.
C’est donc une candidate qui tente une opposition totale face aux préceptes du Président E. Macron.
A l’étranger, une élection qui divise
Après le résultat du 1er tour, le monde entier avait les yeux rivés sur la France et certaines inquiétudes sont remontées. Aux Pays-Bas par exemple, le Nrc Handelsblad écrivait au lendemain de l’élection que la « partie était loin d’être gagnée pour Macron ». Le quotidien suédois Dagens Nyheter a écrit dans ses colonnes « Deux semaines de bataille intense pour Emmanuel Macron attendent désormais la France, avec l’avenir de l’Europe en jeu. Si Marine Le Pen l’emporte, il existe un risque réel que le front uni de l’Occident contre la Russie s’effondre ».
Le Times en Angleterre titrait que le sort de la présidentielle « restait en suspens après une courte victoire d’Emmanuel Macron ». Le journal bulgare Club Z qualifie même Marine Le Pen de « candidate du Kremlin en France ».
D’autres journaux, eux, se réjouissent de la montée de l’extrême droite en France. Le très conservateur journal hongrois Valasz Online a écrit qu’une victoire de Marine Le Pen serait “une victoire de l’internationale des rebelles (…) et que cela montrerait l’influence de la Hongrie sur la politique d’un État d’Europe de l’Ouest”. En Russie, l’agence de presse Ria Novosti donnait même Marine Le Pen gagnante avec 27,07% des votes.
L’avenir de la France et de l’Europe intéresse donc tous nos voisins et ces derniers auront les yeux rivés sur les résultats définitifs, le 24 avril 2022.